(Re)connaître/

(Sha)ekwá

Jack Bradley

Performance / Publication

« Un élément fondamental de la compréhension d’un lieu est la langue qui traverse l’esprit de l’individu et son rôle dans la division du monde en petites boîtes soignées. La langue ne détermine pas seulement la manière dont le lieu est décrit. Cela peut également indiquer comment le lieu, ou quoi que ce soit, est vécu.»

Lors de sa résidence de création chez Avatar, l’artiste Jack Bradley (Prix Avatar 2019) s’est livré à des expérimentations servant son objectif : créer une nouvelle façon de vivre le lieu à travers le prisme du langage. 

Le lieu en question? La ville de Québec, qu’il souhaitait – poussé par des impératifs personnels – re-connaître comme pour la première fois. Tout était en place pour la création d’une singulière promenade audio. En enregistrant les bruits particuliers des lieux en fonction de ses priorités et affinités, Jibé tricotait un paysage sonore urbain. En parallèle, les notes d’observation prises sur le terrain devenaient la matière de nouvelles descriptions en chátsu, une langue artificielle de sa propre invention. Cette conlang, conçue comme un langage personnel et utilisée pour ce projet, avait comme vocation de dépouiller l’artiste de ses notions préconçues, imposées par les langues préexistantes. À partir du chátsu, Bradley allait ainsi former une nouvelle compréhension de la ville.

L’expression linguistique est généralement classée comme un acquis. Les travaux de l’artiste remettent en question le rôle de la langue comme simple outil de communication et soulignent le fait que les langues sont des modes de connaissance en soi, qui doivent être pris en compte dans un monde en globalisation rapide. La crise linguistique se traduit à l’échelle planétaire, par la disparition en moyenne de deux langues par jour. Au travers de ses œuvres, Jack Bradley pousse le spectateur à expérimenter la polyvalence de l’expression linguistique, l’amenant à pressentir les limites de sa propre perspective. Le défi est ainsi lancé, il s’agit pour le spectateur de rejeter l’acceptation passive de la culture médiatique occidentale, pour créer sa propre réalité visuelle, sonore et linguistique.

Récemment diplômé de l’Université Laval au baccalauréat en arts visuels et médiatiques, Jack Bradley poursuit ses études au cycle supérieur au Columbia College Chicago. Son travail en art conceptuel et en performance a été vu quelques fois à Québec, notamment lors de l’exposition des étudiants en arts visuels et médiatiques de 2019 pour laquelle il a remporté le Prix Folie/Culture et le Prix Avatar. Le 25 septembre 2020, la performance (Re)connaître/(Sha)ekwá, soulignait la fin de sa résidence chez Avatar.

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