Volume
1

Le
son-refuge

Œuvres sonores

Le son-refuge (2019)

Durée: 20 min 48 sec

Deux séries d’entretiens se sont déroulées dans deux villes à deux années d’intervalle. Une quinzaine de personnes sont venues rencontrer Chantal pour parler avec elle de leur perception du son. À travers le récit d’une histoire personnelle, chacune et chacun a raconté comment le son peut agir comme un refuge dans certaines circonstances.

Enregistrements réalisés avec la participation de: Rémy Bélanger de Beauport, Gabrielle Bouthillier et Guylaine Coderre dans le studio d’Avatar, à Québec, en 2018 et DinahBird, Antoine Chao, Amaury da Cunha, Léa Minod, Carole Rieussec au centre Les Récollets, un atelier-résidence du Conseil des arts et des lettres du Québec, dans le Xe arrondissement de Paris, en 2016.

Improvisation autour et dans le piano du studio d’Avatar : Frédéric Lebrasseur et Chantal Dumas, en 2018.

Imperfect Breath (2019)

Durée: 8 min 40 sec

JOKER (2019)

Durée: 8 min 42 sec

expédition (2019)

Durée: 10 min 3 sec

Notes sur les artistes

Anna Friz

Depuis 1998, Anna Friz crée principalement des œuvres radiophoniques autoréflexives destinées à la radiodiffusion, à l’installation ou à la performance. La radio y est à la fois la source, le sujet et le support de l’œuvre.

Carole Rieussec

Carole Rieussec est artiste électro-acoustique et performeuse. Depuis 1986, elle compose avec les bruits, les voix et les rythmiques du monde. Sur scène, elle active des espaces sonores improbables.

Céline Huyghebaert

Céline Huyghebaert construit des œuvres qui oscillent entre les arts visuels et la littérature. Elle utilise le langage comme outil principal pour changer les silences et les oublis en histoires.

Erin Sexton

Par son travail artistique, Erin Sexton explore des paradigmes alternatifs, d’étranges topologies, de légères apocalypses et des cosmologies spéculatives. Ses œuvres impliquent l’utilisation d’objets trouvés, de bâches, de cordes, de textiles, de procédés de cristallisation et de radiodiffusion.

Fenêtres Ouvertes

Caroline
Gagné

Présentée en deux volumes, l’un imprimé et l’autre numérique, la publication Dialogues avec Chantal Dumas est une invitation à découvrir le travail de cette artiste sonore associée à Avatar depuis 1994 avec sa participation à Ding Dong deluxe, le tout premier CD du catalogue de OHM éditions, puis avec la parution de l’album Les Chantal Dumas et du triptyque Le parfum des femmes. Au fil des multiples dialogues grâce auxquels nous avons élaboré cet ouvrage et porté un regard attentif sur la pratique de la compositrice, une réflexion autour des spécificités de la création radiophonique et sur son inscription dans le large champ de l’art sonore s’est peu à peu approfondie.

Transmission et contexte d’écoute

Transmission et contexte d’écoute, voilà des mots qui m’ont marquée lors de mes premiers échanges avec Chantal. D’un côté, j’étais intéressée par le son et par le potentiel dont il est investi comme langage artistique ; de l’autre, je découvrais la place importante qu’a eue la radio en tant qu’espace de création dans l’histoire de l’art sonore ainsi que dans le parcours de l’artiste. Pendant l’une de nos conversations, Chantal m’a raconté son souvenir d’une alcôve située dans un appartement qu’elle a occupé à Marseille, un espace privilégié pour elle. Elle le décrivait comme un lieu spécifique, voire un contexte d’écoute où pouvaient se concevoir et se côtoyer, grâce à la transmission des ondes, des inconnus et leur existence, des ailleurs, des temporalités simultanées et des images façonnées par les sons qui voyagent. Ces sons percent l’intangible, dessinent des cartographies et esquissent les contours de rencontres, portent des fictions ou transmettent la connaissance.

Ouvrir des fenêtres

J’ai souvent entendu Chantal utiliser cette métaphore des « fenêtres ouvertes » pour décrire ses productions. Je me suis donc figuré les procédés de création dont découle le travail de la compositrice comme des mouvements qui en engendrent d’autres et qui nous proposent différents angles pour comprendre le monde, nous invitent à tendre l’oreille et à avouer que certains univers improbables peuvent parfois se toucher. Ouvrir une fenêtre, c’est permettre un passage. « Parce que tu n’en donnes qu’une partie à percevoir… », écrivait Mario Gauthier à Chantal dans un échange de courriels.

Fenêtres ouvertes est également le titre d’un poème de Victor Hugo, qui évoque et stimule, lui aussi, ce sens qu’est notre ouïe. J’ai découvert ce texte avec plaisir en empruntant l’un des multiples sentiers qu’a ouverts ce projet, texte dont les premiers mots sont J’entends.

Volume 1 : Le son-refuge

Puis, il y a eu ce thème du « refuge », autour duquel Chantal avait déjà brassé quelques idées et fait des entrevues et des enregistrements. À cela s’est ajouté, lors d’une résidence que l’artiste a réalisée dans le studio d’Avatar à l’automne 2018, tel un vieil ami complice que l’on retrouve, le piano. Tout était en place pour la création d’une nouvelle pièce : Le son-refuge. D’autres artistes ont été interpellés. On les a invités à prendre part au dialogue.

Se prêtant au jeu de la collaboration, Anna Friz, Carole Rieussec et Erin Sexton ont ensuite acquiescé à notre intention, celle que ce projet soit un prétexte nous permettant de nous livrer à la création sonore en elle-même. Elles ont donc créé trois œuvres originales, qui entrent en résonance avec celle de Chantal. Pour ce faire, Anna Friz a composé un morceau à partir de deux enregistrements antérieurs qu’elle considère comme fondamentaux dans son parcours. Erin Sexton a travaillé, comme elle le fait souvent, autour de la question de la transmission des signaux en se positionnant elle-même comme émettrice et, surtout, comme réceptrice sur un mode performatif. Carole Rieussec a généré une œuvre en ayant recours à la parole recueillie qui évoque le corps en marche comme refuge devant l’exil et de l’imaginaire cherchant un ancrage dans le présent.

Cette parole, le son de la voix, qu’on retrouve dans l’ensemble du parcours de Chantal Dumas, résonne par ailleurs fortement avec l’univers de Céline Huyghebaert, si bien que cette dernière en a fait l’un des fils conducteurs d’un texte de création qu’on pourra lire ici, d’un écrit qui fait écho aux pièces créées pour cette publication.

En complément, une sélection de dix-sept œuvres choisies, créées entre 1993 et 2017, le tout accompagné de notes, suggère des pistes de lecture, puis d’écoute, ou inversement.

Volume 2 : Création radiophonique et art sonore

Mettre en perspective les œuvres de Chantal Dumas, c’est aussi traverser une époque où les supports ont souvent changé, de même que leur accessibilité. Dans un premier temps, c’est d’ailleurs ce qu’Avatar se proposait d’explorer en invitant l’artiste à participer à cette publication. « La question est intéressante en ce moment où je suis appelée à travailler le son pour différents domaines : Web, radio, théâtre, documentaire. Dans mon cas, est-ce que cela fait une différence ? » Aujourd’hui, la diffusion et l’écoute passent beaucoup par le Web, et les modalités de publication et de réception ont considérablement changé. « Je me demande quelle est l’incidence de ces transformations de la transmission et de l’écoute sur les écritures radiophoniques. Parle-t-on encore de radio ? Le terme production sonore serait-il plus adéquat ? », s’interrogeait Chantal.

Ces questions sur les différentes écritures sonores, nous les avons posées à une autrice et à cinq auteurs canadiens et européens, tous spécialistes de la discipline. Ils ont relevé le défi d’y répondre par des textes tout en examinant les œuvres de Chantal, en abordant certaines dimensions de son travail qui se démarquent et en élargissant leur analyse pour penser la création en termes ouverts. Ces textes sont rassemblés dans le deuxième volume de cette publication, volume intitulé Création radiophonique et art sonore. Il réunit divers essais. On y trouve, d’abord, une synthèse de certaines créations majeures de Chantal, synthèse qu’a préparée Étienne Noiseau. Puis, on peut y lire un essai de Mario Gauthier, qui a pris pour objet de réflexion la radio en s’appuyant sur une lecture du Son-refuge. Dans les pages suivantes, un texte d’Hélène Prévost évoque l’envergure de la production de l’artiste et le contexte dans lequel a évolué sa pratique. Un témoignage de Frédéric Dallaire aborde la notion de perception en traitant, en filigrane, de la question de la collaboration. Proposée par Serge Cardinal, une analyse de l’œuvre Tanz réfléchit sur le son qui donne corps, qui est matière, qui crée mouvement et espace. Finalement, on se penche sur la place de l’installation, sur le son et sur l’interactivité dans la pratique de l’artiste avec un texte que Golo Föllmer a rédigé à la suite d’un entretien qu’il a eu récemment avec elle.

En somme, Dialogues avec Chantal Dumas est un ouvrage touffu où le son est approché comme un langage ayant le potentiel de redéfinir la réalité, un langage artistique à part entière, pour Chantal Dumas.

Rien que
de l'eau

Céline
Huyghebaert

1

Acouphènes :
Bourdonnements
Cliquetis
Pulsations
Sifflements
Tintements
Stridulations

2

« Un claquement
de langue. »

3

Dans le roman que je lis, ce qui fait peur à l’héroïne depuis qu’elle est sourde, c’est quand une main arrive par-derrière et se pose sur son épaule. Elle imagine le nombre de fois où la personne l’a hélée avant de faire ce geste, et ça lui rappelle l’étendue de ce qui lui échappe. Lorsque je me représente cette scène, je vois une femme qui marche sur un trottoir ; des enfants jouent au ballon en face d’elle ; des voitures sont garées sur le bord de la route ; et, derrière sa silhouette, tout est noir, silencieux, inodore. C’est comme le passé dans Les Langoliers : dès que l’héroïne tourne le dos au monde, celui-ci est anéanti, dévoré par les bouches géantes aux dents pointues qu’a imaginées Stephen King.

4

« Toute la journée, elle a fait ce son-là. Ce claquement. »

5

J’ai beau chercher, je n’arrive pas à penser à un son qui ne fasse du bien qu’à moi. J’aime beaucoup le craquement des pas dans la neige fraîche, la pluie qui tombe sur un toit en tôle ou en verre, le bruissement des feuilles d’arbre, le roulement des vagues sur le sable. J’aime aussi ma voisine depuis qu’elle joue la Sonate pour piano n° 18 en ré majeur de Mozart et qu’à chaque faute commise, plutôt que de s’entêter devant la difficulté, ses doigts glissent de la dernière note ratée vers une chanson plus simple, qu’elle joue avec agilité pendant quelques secondes avant de revenir à sa sonate. J’espère secrètement qu’elle ne maîtrisera jamais tout à fait le rythme de cette pièce, pour que je continue de profiter du bonheur que me procurent ses mix improvisés.

6

Je me demande quelle information est contenue dans une note.

7

Sur le buffet du salon de ma grand-mère, les bibelots s’entassaient. Nous avions l’habitude de prendre la conque, ramenée d’un voyage, et de la porter à notre oreille pour tenter d’écouter la mer. Je ne percevais qu’un bourdonnement ; pas les vagues, encore moins leur ressac après qu’elles ont frappé la digue. Mais j’affirmais le contraire, d’une voix timide, pour cacher mon incompétence.

8

Ma propre voix n’est pas un abri. Si j’enregistre une conversation et que j’écoute ensuite ma voix, mes épaules se crispent. Je n’entends, dans mes intonations, que la fille complaisante, avide de plaire, si avide qu’elle se dissout totalement dans les opinions de l’autre. Elle laisse traîner la fin de ses phrases pour qu’il les ramasse et les termine. Quand il rit, elle rit mécaniquement.

9

Est-ce que les gens dans nos rêves ont leur vraie voix ? Mon amie Hélène m’a dit qu’il n’y a pas de mots dans les rêves, que nous les ajoutons seulement après coup, au réveil. Une fois, j’ai rêvé que j’étais en plein cœur d’une jungle dense, luxuriante, avec mon père. Il a ramassé une planche de bois et y a gravé un mot au couteau. Puis, il a tendu la planche vers moi et m’a dit que c’était la clé de sa vie. Quand je me suis réveillée, j’étais incapable de me rappeler ce mot ; je ne voyais que le dessin maladroit d’une caravane tracé sur une pancarte. Si Hélène a dit vrai, de quoi sont composées les conversations oniriques ? De râles ? De beuglements ?

10

Mutisme :
1. État pathologique d’un sujet qui, ne présentant aucune lésion des organes de la phonation ni des centres nerveux du langage, ne fait pas usage de la parole. 2. Silence. 3. Caractère de ce qui ne fournit aucun éclaircissement concernant une matière, une question particulière.

11

Quand on parle des « sans-voix », on pense à ceux qui se font expulser de la mémoire collective. Ce sont des gens qui respirent, qui mangent, qui dorment, des gens qui marchent, s’asseyent, montent et descendent des escaliers ; mais ils le font sans bruit. On dit aussi d’eux qu’ils sont invisibles, ou anonymes. Marielle Macé a écrit que les réfugiés mènent des « vies qui se perdent au bord des nôtres ». Je ne peux pas m’empêcher, en la lisant, de penser à l’expression « avoir un mot sur le bord des lèvres ». Un peu comme le réfugié, ce mot, qu’on a oublié mais qui veut sortir de l’oubli et s’imposer à nous, est terriblement inconfortable.

12

On dit aussi
« se réfugier dans le silence » pour ne pas dire
« se fermer ».

13

Que vous teniez un coquillage ou une tasse vide près de votre oreille, l’objet agit comme une caisse de résonance. Le bruit ambiant rebondit contre les parois jusqu’à devenir assourdissant. Sous l’eau, il frappe rarement des surfaces. Il circule si vite qu’il atteint les deux tympans quasi simultanément. C’est pour ça qu’on y a peur : on ne sait pas d’où vient le danger.

14

Durant l’été 1997, des scientifiques américains ont enregistré à plusieurs reprises un son mystérieux de très basse fréquence venu des profondeurs de l’océan Pacifique. On l’a surnommé le bloop. Si c’est un animal qui a poussé ce cri, il est gigantesque, plus grand que le plus énorme des mammifères marins, car aucune espèce connue n’est capable de produire un son d’une telle amplitude qu’il serait détecté par des appareils à une distance de plus de cinq mille kilomètres.

15

Depuis que les médecins ont posé une valve mécanique dans le corps de ma sœur, les battements de son cœur ressemblent au tic-tac d’une montre. (Je l’entends quand je m’assieds à côté d’elle.)

16

« Ça a duré une journée, puis c’est passé. » C’est ce qu’une femme a dit au sujet d’un petit claquement de langue qu’elle a eu besoin de faire pour amorcer un deuil particulièrement difficile. Le besoin est passé, pas le deuil.

17

On parle également de claquement pour faire référence au son métallique des drisses qui claquent sur les mâts les jours de grand vent, comme si elles avaient quelque chose à nous dire.

18

Peut-être que notre corps comprend ces sons saccadés comme un langage, une sorte de morse qu’il décode, mais est incapable de traduire en mots. (Ou alors on entend dans ces conversations métalliques la voix des spectres qu’Edison a tant désiré capturer.)

19

« I talk to myself
in hopes that I will
be heard. »

20

Thomas Edison était convaincu qu’une fois les personnes mortes, leur esprit se dispersait dans l’éther en d’infimes particules métapsychiques. À son époque, on savait déjà qu’une conversation entière pouvait être traduite par des points et des lignes, puis transmise à l’aide d’impulsions électriques. On savait aussi qu’une voix pouvait circuler le long d’un conduit acoustique. Edison breveta le phonographe en 1877. Mais cette machine n’était qu’une étape de sa recherche. Il rêvait d’inventer un jour un mécanisme d’amplification assez puissant pour projeter bien plus que de la musique dans une salle : pour rendre perceptibles les particules d’âmes errantes. Il consacra les vingt dernières années de sa vie à la création de son nécrophone, mais ne parvint jamais à redonner leur voix aux morts.

21

Aux États-Unis, la dernière personne condamnée à mort à n’avoir pas eu le droit de choisir entre l’injection létale et la chaise électrique pour son exécution est Lynda Lyon Block, le 10 mai 2002 en Alabama. Cette invention-là, Edison ne l’a pas ratée. (Entre 1924 et 1999, treize États américains ont également légalisé la chambre à gaz pour appliquer la peine de mort.)

22

Alors que je croyais avoir depuis longtemps égaré tous les souvenirs liés à mon père, mes cousins m’ont envoyé des extraits numérisés de vieux films tournés en 16 mm sur lesquels il apparaît. J’ai ouvert le premier fichier et j’ai reconnu la silhouette de mon père, au fond de l’image, parmi un groupe de gens qui dansaient. Il portait un pantalon pattes d’éléphant, une chemise cintrée jaune pâle. Ses cheveux étaient longs et bouclés. L’écran s’est noirci. Puis l’image est revenue, tachetée de grains de poussière. Le visage de mon père était au premier plan. J’ai vu sa bouche s’ouvrir et se refermer, plusieurs fois. Alors j’ai appuyé sur « retour », et j’ai remis la même séquence, persuadée que si j’arrivais à lire sur les lèvres de mon père, le souvenir de sa voix me reviendrait probablement en mémoire. Certes, je serais à tout jamais incapable de reproduire cette voix-là, mais je l’entendrais dans ma tête, comme on entend l’air des chansons qu’on connaît par cœur.

23

« Bien sûr, la voix
n’est pas la personne, qui, elle, ne reviendra plus. »

24

Si j’avais retrouvé sa voix, le manque se serait peut-être emparé de son odeur, de la texture de sa peau pour s’imposer, ou des conversations que nous n’aurons jamais.

25

(J’ai l’impression d’avoir des frontières mieux tracées quand les gens s’adressent à moi en utilisant mon prénom. C’est pourtant rare qu’ils le fassent. Sauf mon copain. « Tu peux descendre les poubelles, Céline. » « Céline, tu sais que je t’aime. » Ce prénom-là, dans la bouche de la personne aimée, est sûr comme un abri naturel, peu importe les circonstances.)

26

Peut-être que l’autre qui m’appelle par mon prénom m’est précieux, parce qu’il me reconnaît. Il reconnaît mon visage et l’associe toujours au même son.

27

J’aime penser au piano comme à un lieu isolé, une sorte d’île déserte à l’intérieur de laquelle des sons vivent à l’abri. Dans une exposition au Musée d’art contemporain de Montréal, il suffisait de taper sur l’une des touches d’un piano pour entendre la voix de Leonard Cohen sortir de l’un des cent haut-parleurs auxquels on avait raccordé l’instrument. La plupart des visiteurs appuyaient sur le plus de touches possible en même temps, comme le font les enfants quand ils ont un piano sous la main, et l’on entendait alors un chaos de mots nébuleux. Mais certains se servaient du piano comme d’une machine à composer des oracles : ils appuyaient sur une touche pour recevoir un message du chanteur. Je crois que cette machine aurait vraiment plu à Edison.

28

Le refuge, c’est un lieu fermé sur lui-même,
« une espèce d’endroit où tous les sons viennent se réfléchir ».

29

Il y a un piano dans l’entrée de notre appartement. C’est la première chose que les enfants remarquent quand ils passent la porte. Au début de la soirée, leurs parents sont persuadés que ce piano est une aubaine, qu’il tiendra les enfants occupés et nous permettra de discuter tranquillement au salon. Mais on n’a jamais vu d’enfant obéir à la consigne de jouer calmement, de taper doucement sur des touches.

30

Sous l’eau, on peut entendre les éruptions volcaniques, les tremblements de terre, les vagues, le vent, les bateaux, les glaciers qui se fissurent, le chant des cétacés et le déplacement des animaux marins. Étonnamment, on distingue aussi très bien les avions qui passent au-dessus de la mer.

31

Toutes les chansons, pourvu qu’on en connaisse les paroles par cœur, sont des refuges.

Le texte de Celine Huyghebaert contient des références à des œuvres et à des documents énumérés selon leur ordre d’apparition dans le présent écrit :

Véronique Sanson,
Rien que de l’eau, 1992

Dictionnaire du Centre national de ressources textuelles et lexicales

Carole Rieussec, JOKER, 2019

Mathieu Simonet,
Anne-Sarah K., 2019

Stephen King,
Les Langoliers, 1990

Chantal Dumas,
Le son-refuge, 2019

Wolfgang Amadeus Mozart, Sonate pour piano n° 18 en ré majeur, 1789

Georges Perec,
L’Infra-ordinaire, 1989

Marielle Macé,
Sidérer, considérer.
Migrants en France
, 2017

Emmanuel Perrin,
Le « Bloop », un mystérieux son venu de l’océan qui a longtemps intrigué les chercheurs, 2015

Erin Sexton, expédition, 2019

Philippe Baudouin,
Les voix fantomatiques de Philippe Baudouin, 2018

Wikipedia

Ryōko Sekiguchi,
La Voix sombre, 2015

Anna Friz,
Imperfect Breath, 2019

Giorgio Agamben,
Nudités, 2012

Musée d’art contemporain de Montréal, Leonard Cohen.
Une brèche en toute chose
, 2017‐2018

Le souffle court

Le souffle court (2017)
Performance radiophonique de Frédéric Dallaire et Chantal Dumas
Durée : 15 min 27 s

Dans Le souffle court, l’écoute se transforme au rythme des déplacements d’un coureur de fond, de leur vitesse. L’œuvre propose un parcours physique et mental aux abords d’une piste de course, ponctué par une voix à bout de souffle qui tente malgré tout de décrire un état du corps, un état d’esprit.

Cette performance a été présentée dans le cadre de Radio dehors : une phonographie du monde, un évé­nement organisé par la Chaire de recherche du Canada du Département de drama­turgie sonore au théâtre de l’Université du Québec à Chicoutimi.

86400 Seconds

86400 Seconds – Time Zones (2015)
Œuvre sonore participative conçue par Chantal Dumas
Durée : 50 min

86400 Seconds – Time Zones donne à entendre l’écoulement du temps à travers la voix humaine. Le titre de cette pièce renvoie au nombre de secondes que contient une journée. Elles sont ici comptées à la vitesse même de la seconde par cent trente-huit personnes âgées de huit à quatre-vingt-cinq ans, dans trente-deux langues et dialectes. La densité de la population qui occupe la surface terrestre correspondant à chaque fuseau horaire détermine le nombre de voix entendues par fuseau.

Cette œuvre a été commandée par Julie Shapiro pour l’émission Soundproof (ABC RN’s Creative Audio Unit, Sydney, Australie) et par le centre en art actuel Sporobole (Sherbrooke, Canada). Salutations aux compteurs pour le brio de leur performance !

40° Nord - 73° West

40° Nord – 73° West (2012)
Œuvre sonore de Chantal Dumas
Durée : 49 min

Pour John Cage, New York était à la fois un lieu où vivre et un laboratoire. Chantal Dumas suit ici les pistes du compositeur à travers la ville. Ce faisant, elle combine des ambiances sonores trouvées sur les lieux où il était actif à des sons produits par ses instruments préférés : le piano, la voix, la platine et les percussions. Elle s’inspire aussi de certains procédés de composition qu’utilisait Cage, tels le mésostiche et la partition graphique. Pour cette pièce, elle a créé une partition graphique à partir du plan du métro de la ville afin de guider des musiciens dans leurs improvisations.

Commandée par Marcus Gammel pour l’émission Klangkunst, cette œuvre a été diffusée pour la première fois lors de l’événement Cage 100 Project et produite par la Deutschlandfunk Kultur (Berlin, Allemagne). Cette production a été créée grâce au soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec et inspirée d’un séjour au Studio du Québec à New York.

[Voix : Shelley Hirsch
Tourne-disques : Martin Tétreault]

The Piano Tuning

The Piano Tuning (2010)
Œuvre sonore de Chantal Dumas
Durée : 14 min 20 s
Langue : anglais

The Piano Tuning s’articule autour de l’accordage d’un piano, d’un appartement pourvu de cinq pièces et d’une voix. Une histoire s’écrit là, et il s’y passe des choses que l’on ne saurait trouver ailleurs. Elle évoque l’écoute tout en donnant à entendre l’acoustique des lieux.

Commandée par Marcus Gammel pour Klangkunst, une émission diffusée sur les ondes de la Deutschlandfunk Kultur (Berlin, Allemagne), cette œuvre a été produite par cette dernière.

Les petits riens

Les petits riens – mécaniques du quotidien (2009-2010)
Œuvre sonore de Chantal Dumas
Durée : 31 min

Les petits riens sont ces sons discrets, ces chants trop doux pour qu’on y prête vraiment attention, tellement usuels qu’on ne les perçoit même plus. Il pourrait s’agir des effleurements sonores qui, par moments, émergent du passé et tournent en boucle dans notre tête ou encore des fréquences bruiteuses qui s’insinuent au creux de notre oreille et dont nous sommes les seuls auditeurs. Ces sons pourraient aussi être le produit de bruissements d’ailes d’insectes ou les buzz et les clics de nos environnements technicisés. À la manière d’un cabinet de curiosités, Les petits riens réunit une collection d’« objets sonores » avec un certain goût pour l’hétéroclite et l’inédit. Ici, le déconditionnement des habitudes d’écoute passe par un réinvestissement de la logique d’organisation du son. Faisant basculer la réalité, cette œuvre met à jour une rythmique poétique du quotidien qui, jusque-là, nous aurait sans doute échappé.

Commandée par Marcus Gammel pour Klangkunst, une émission diffusée sur les ondes de la Deutschlandfunk Kultur (Berlin, Allemagne), cette œuvre a été produite par cette dernière.

Marseille 1993

Marseille 1993 (2008)
Œuvre sonore de Chantal Dumas
Durée : 6 min 40 s

En 1993, l’Olympique de Marseille était champion d’Europe, Pavarotti chantait à l’Opéra municipal de cette ville et Chantal Dumas y habitait. C’était le temps d’avant les téléphones portables. Marseille 1993 est quelque chose comme un « rétro-science-fiction-documentaire ».

Produite par Radio Grenouille (Marseille, France), cette œuvre a été commandée par Étienne Noiseau pour la série Coming & Going – Ends & Entries.

Jouer avec le feu

Jouer avec le feu (2006)
Œuvre sonore de Chantal Dumas
Durée : 6 min 5 s

Battements, souffles, craquements, pulsions, autant de signes de vie et de mort, autant de sons qui naissent, se propagent et s’éteignent. Chaque son est une fiction.

Commandée par l’espace radiophonique d’écoute partagée SilenceRadio (Bruxelles, Belgique), cette œuvre a été créée à partir d’extraits puisés dans la sonothèque parti­cipative Freesound, plus particulièrement à partir de contributions de Acutescream, Cfork, Emmanuel, Fonogeno, Greyseraphim, Jovica, Cyril Laurier, Laedy, Luffy, Lunardrive, Suonho et Victor Cenusa.

Tanz

Tanz (2005)
Œuvre sonore de Chantal Dumas
Durée : 50 min
Langues : allemand et anglais

Tanz est une chorégraphie conçue pour l’oreille. À l’aide de mots et de sons, en alternant les points de vue, en variant les échelles, cet exercice de transcription témoigne d’états corporels multiples. Il se fait l’expression plurielle du travail de danseur et des lieux où il s’accomplit.

Commandée par Götz Naleppa pour l’émission Werkstatt et produite par la Deutschlandfunk Kultur (Berlin, Allemagne), cette œuvre a été créée d’après le texte coït de Chantal Neveu (Éditions La Peuplade, Saguenay, 2010). Le soutien du Conseil des arts du Canada et l’appui de Kathy Casey et de Montréal Danse ont aussi permis la création de cette pièce.

[Tourne-disques et surfaces préparées: Martin Tétreault Saxophones: André Leroux Avec la participation d’Andreas Lange et des danseurs Karsten Kroll, Carol Prieur, Anna Riede et Peter Trosztmer, qui ont prêté leur voix à ce projet]

Documents de surface

Documents de surface (2002)
Œuvre sonore de Christian Calon et Chantal Dumas
Durée : 52 min

Minimal, hyperréaliste, Documents de surface glisse comme le ferait une caméra très proche, à la surface de la Terre, ou au contraire en de vastes panoramas, c’est-à-dire là où l’anecdote se dissout dans la matière sonore.

Commandée par Robert Matejka pour l’émission Künstlerisches Feature, cette œuvre a été produite par la DeutschlandRadio (connue aujourd’hui sous le nom de « Deutschlandfunk Kultur », Berlin, Allemagne).

Documents de surface a été enregistrée sur CD et publiée dans le coffret de deux disques radio roadmovies.

In the Pale Grey Days

In the Pale Grey Days / In den Fahlen Grauen Tagen (version allemande) (2002)
Œuvre sonore de Chantal Dumas
Durée : 27 min
Langues : anglais et français

À Manfred Mixner
In the Pale Grey Days met en scène le personnage de Gaby. Avec sa mère, Zab, qui rêvait de devenir actrice, Gaby a passé son enfance à New York. Aujourd’hui dans la soixantaine, elle arpente, seule dans la nuit, le port de Montréal. Envahie par ses souvenirs, elle retrouve peu à peu son enfance.

Cette œuvre a été comman­dée par Manfred Mixner pour l’émission Internationale Digitale Radiokunst et produite par la Sender Freies Berlin (Allemagne). Le soutien d’Andreas Hagelüken, puis d’Anne-Marie et de Donald, de Fortner Anderson, de Ned Bouhalassa et de Christian Calon a permis sa réalisation.

[Idée originale, scénario et réalisation: Chantal Dumas
Dialogues: Geneviève Letarte
Traduction anglaise: Alison Lee Strayer
Art: Tom Walsh
Gaby adulte: Catherine Kidd
Gaby enfant: Terra Léger-Goodes
Zab (la mère): Élisabeth Lenormand
L’homme: Bernard Schütze
Trombone: Tom Walsh
Avec les voix de Langston Hughes et de Geneviève Letarte et les musiques de George Gershwin, de Jay Jay Johnson, de Charles Mingus et de Thelonious Monk]

many many places

many many places (2001)
Œuvre sonore de Chantal Dumas
Durée : 12 min 40 s

À France
many many places traverse les acoustiques de bâtiments publics montréalais sur le rythme d’une gigue d’origine brésilienne, la sapatiada. Telle une étude sur le point de vue, cette pièce soulève un questionnement sur ce qu’un micro permet d’entendre. Ici, le microphone est actif : il suit des danseurs au gré de leurs déplacements, de leurs mouvements ; il bouge avec eux. Il amplifie le ténu et capte l’empreinte acoustique qu’ont laissée, au moment de leur passage, les corps dansants sur les lieux. Un jeu entre les divers plans sonores met en relief la couleur des espaces qu’illumine la présence humaine.

Réalisée grâce au soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec et de PRIM (Montréal, Canada), cette œuvre a été commandée par le centre Experimental Sound Studio de Chicago pour le Outer Ear Festival of Sound. L’appui d’Alain Dessureault et de France Pepin a aussi permis la réalisation de cette pièce.

Le petit homme dans l’oreille

Le petit homme dans l’oreille (2000)
Œuvre sonore de Christian Calon
et Chantal Dumas Durée : 57 min

Été.
9 juillet–9 septembre 1999.
20 000 km sur les routes et les pistes du Canada.
Montée de Montréal au cercle arctique (Yukon) à travers les Prairies, descente vers le Pacifique et retour par les Badlands. Remplie d’équipements de prise de son, d’outils, de cassettes DAT, tente Coleman, sacs de couchage, ustensiles de cuisine, pneu de secours, bières, appareil photo, bottes, livres et cartes routières, la minivan Mercury prit la route.

Commandée par Mario Gauthier pour l’émission L’espace du son, cette œuvre a été produite par la Chaîne culturelle de Radio-Canada (Montréal, Canada). L’accompagnement de Rob Dramer, de Lillian Ireland et de Mike Krutko a également permis la réalisation de ce parcours sonore, tout comme les maintes voix anonymes qui l’ont inspiré.

Le petit homme dans l’oreille a été enregistrée sur CD et publiée dans le coffret de deux disques radio roadmovies.

Abécéd’hiver ou Winterwörterbuch

Abécéd’hiver ou Winterwörterbuch (1998)
Œuvre sonore de Chantal Dumas
Durée : 21 min 35 s
Langues : allemand et français

« Mon pays ce n’est pas un pays c’est l’hiver », chante Gilles Vigneault, notre poète national. D’ailleurs, tous les Québécois s’accorderont à dire que l’hiver est une saison qui n’en finit plus de ne pas finir. Mais cela est une autre histoire. Qu’est-ce que l’hiver ? Outre le froid et la neige, il y a la frustration de rester enfermé de longs mois, les autos qui ne démarrent pas le matin, la tuyauterie de la maison qui gèle, les arbres abîmés par une pluie verglaçante, la grippe, le blues de février, la neige à pelleter dans la cour et les pieds mouillés à marcher dans la gadoue. Ceux qui savent prendre plaisir à l’hiver parleront de la magie des premiers flocons, du froid vivifiant, de l’ivresse du ski ou encore de l’après-ski, de l’atmosphère créée par une tempête de neige immo­bilisant la ville, de l’acoustique qui s’en trouve modifiée, ouatée, et de la tranquillité de la forêt, de la pêche sur glace, du craquement des pas dans la neige glacée. L’hiver, c’est un peu tout ça, dans l’ordre ou dans le désordre. Tout en humour, cet abécédaire de vingt-six mots-clés choisis pour raconter l’hiver du Québec révèle l’esprit un peu rebelle des Québécois et l’univers qui les habite.

Cette œuvre a été commandée par Manfred Mixner pour l’émission Internationale Digitale Radiokunst et produite par la chaîne Sender Freies Berlin (Allemagne). Le soutien de Giuseppe Samona, puis de Ned Bouhalassa, de Christian Calon, de Martin Daske, de Maria Grote et de Claude Schryer a aussi permis la réalisation de cette pièce.

[Conception, réalisation, musique, texte et enregistrements: Chantal Dumas
L’enfant: Mikaela Fabijan Radford
Avec les voix de Dulcinée Langfelder et de Heinz Becker
Piano: Yves Léveillé]

Le parfum des femmes

Le parfum des femmes (1996-1997)
Recueil de nouvelles sonores de Chantal Dumas
Durée totale des trois pièces : 52 min 32 s

Formé de trois nouvelles sonores conçues autour du thème de la migration au cours d’un long séjour en Europe, Le parfum des femmes constitue un « recueil sonore ». « Autrement que par ce voyage, l’idée ne me serait pas venue de traiter de la migration. Il faut être au milieu des choses, les éprouver pour y devenir sensible », confie l’artiste. « C’est dans ce contexte que j’ai appris la signification du mot “ étranger ” et ce qu’il recèle : l’absence de référent culturel, une conscience aiguisée de sa propre identité, un sentiment ambivalent de force et de vulnérabilité. » Dans Le parfum des femmes, le dire prend corps à travers la perception. Le sens est véhiculé par un tissage sonore dont naissent des images que l’auditeur est libre d’interpréter et de s’approprier. Trois femmes improvisatrices sont associées à ces nouvelles, Sylvia, Joëlle et Shelley, trois magnifiques oiseaux migrateurs, à la sensibilité des plus fines.

Le parfum des femmespremière partie

Le parfum des femmes,
première partie :
Migration océane / Ozeanische Wanderung (version allemande) (1996)
Durée : 18 min 36 s

Dans Migration océane / Ozeanische Wanderung, la migration des eaux froides atlantiques est mise en parallèle avec la traversée d’une femme qui quitte l’Europe pour rejoindre le continent sud-américain.

[Texte: Chantal Dumas
Traduction: Rolf Lohse et Harald Brandt
Voix: Silvia Ocougne et Falilou Seck
Guitares: Silvia Ocougne
Musique additionnelle: The 13th Tribe]

Le parfum des femmesdeuxième partie

Le parfum des femmes,
deuxième partie :
L’ailleurs (1996)
Durée : 19 min 30 s

Dans L’ailleurs, il pourrait être question de l’état psychologique de migrants. Chaque personnage en situation de déplacement sera, à un moment ou à un autre de son trajet, sous l’influence du vent, qui s’incarnera insidieusement sous les traits d’une femme. Cette œuvre renvoie au rêve de l’ailleurs en le parodiant.

[Les nomades: Akel Akian, Djelali et Maryam
L’esclave: Philippe Riéra
Le duo de cache-cache: Nada Laukamm-Josten et Louise Avec la participation de Shelley Hirsch (multiples voix)]

Le parfum des femmestroisième partie

Le parfum des femmes,
troisième partie :
Les frontières (1997)
Durée : 14 min 26 s
Langues : allemand, anglais et français

Points de passage. Point d’arrêt. Frontières. Au moment où la mondialisation s’empare des secteurs de l’économie et des communications, les frontières géopolitiques se referment. Du point de vue des migrants, elles sont devenues de véritables forteresses. Quatre histoires, quatre situations, quatre pays sont ici mis en lumière : l’Allemagne, l’Algérie, la Suisse et le Mexique.

Les témoignages entendus dans cette œuvre se rapportent à des histoires vécues. Guy Bettini est un musicien de la Suisse italienne qui partage son temps entre Locarno et Berlin. Manuella Eickenroth a été libérée en 1981 lors du rachat de prisonniers politiques par l’Allemagne de l’Ouest. Mohamed Magani est algérien et a été accueilli à Berlin en tant que réfugié politique. Osvaldo Rivera est un nom d’emprunt, mais l’histoire qui lui est liée est inspirée d’articles parus dans le New York Times en 1983 et en 1995.

[Avec la participation de Joëlle Léandre (contrebasse)
Voix: Guy Bettini, Manuella Eickenroth, Hawad, Antonio Jimenez, Mohamed Magani, Holger Mandel et les muezzins de Sanaa (Yémen)]

Les Chantal Dumas

Les Chantal Dumas (1994)
Œuvre sonore de Chantal Dumas
Durée : 13 min
Langue : français

Les Chantal Dumas témoigne d’une quête, celle qu’a déclenchée chez l’artiste la lecture d’une phrase de Gertrude Stein : « C’est le nom qui fait ce que l’on est. » Du processus qui a mené à la réalisation de cette œuvre, la compositrice a d’ailleurs dit : « J’étais passablement occupée à essayer d’effacer toute trace de mon nom, vous savez, celui qui vous colle à la peau pour la vie telle une tache de naissance, quand je suis tombée sur cette phrase. Alors, j’ai décidé de partir à la recherche de mes homonymes. Encore aujourd’hui, je me demande qui sont ces femmes qui signent leur nom avec les mêmes douze lettres que moi. »

Commandée par le centre d’artistes en art audio et électronique Avatar, cette œuvre a été réalisée dans le Studio Blue Moose, à Berlin, et dans le studio du gmem-CNCM-marseille. La participation des Chantal Dumas qui se sont prêtées au jeu proposé par l’artiste et celle de Dominique Brau et de Clarisse Cossais ont, entre autres, permis la réalisation de cette pièce.

The Show of… / le spectacle des habil(i)etés

The Show of… / le spectacle des habil(i)etés (1994)
Œuvre sonore de Chantal Dumas
Durée : 15 min 32 s
Langues : anglais et français

Dédié à ces trois aventuriers que sont Claude, Christian et Patrick « Pour la énième fois, j’écoutais un son enregistré lors d’une soirée en République tchèque en compagnie d’électro­acousticiens d’Europe de l’Est, cherchant comment utiliser cette séquence dans une production radio. CC m’a fourni la réponse à mes questions en me donnant accès à son “Musée sonore”. J’y ai choisi divers enregistrements qui, assemblés, allaient pouvoir constituer une trame narrative dans laquelle en entremêler une autre. La cohésion de l’histoire et la capacité à créer une certaine continuité à partir de sons multiples enregistrés sur différents supports étaient alors au centre de mes préoccupations. Une fouille minutieuse a suivi. Par elle, j’ai trouvé les éléments qui allaient former ce collage scénarisé qu’est The Show of… » Voilà comment l’artiste décrit la création de cette pièce. Réaliste, magique, The Show of… met en scène deux mondes disparates qui, par la grâce du chant mythique d’un huard, se rencontrent.

Cette œuvre a été réalisée dans le studio du gmem-CNCM-marseille. Le soutien de Christian Calon a notamment permis la création de cette pièce. Salutations aux personnages talentueux qui, sans connaissance préalable, ne savaient rien de leur participation à cet ouvrage !

[Musique: Bratsch (Er Nemo Klantz)]

La tour du vent

La tour du vent (1993)
Œuvre sonore de Harald Brandt et Chantal Dumas
Durée : 12 min

La tour du vent, c’est Marseille. Son vent et ses voix. Ses bruits : motos, voitures, bribes de chants, voiles qui claquent au vent, grincements de pontons dans le port. La texture épicée de matières « exotiques » dont nous croyons entendre les traces qu’elles ont laissées dans la ville phocéenne. C’est un clin d’oreille à l’auditeur-voyageur. Et les paroles ! Paroles de vent, sur le vent, dans le vent. Paroles qui disent des histoires, des souvenirs, des craintes, des moments de bonheur, des légendes, bref toute la magie qu’est le vent qui est souffle, qui est parole. Le vent, insaisissable, éphémère, est ici le maître musicien. Marseille est l’instrument dont il joue ; l’archi­tecture, la caisse où résonnent ses notes. Les cordes qu’il fait vibrer sont des langues, langues de tous les pays qui ont fait cette cité au fil du temps.

Avec La tour du vent, Chantal Dumas et Harald Brandt ont été lauréats au premier concours de création radiophonique organisé par La Muse en Circuit (Alfortville, France) et la SACEM (Neuilly-sur-Seine, France). Le soutien de toute l’équipe du centre national de création musicale La Muse en Circuit a permis la création de cette œuvre.

Dialogues avec / with Chantal Dumas

Volume 1 :
Le son-refuge

Cette publication a été réalisée avec le concours de :

  • Direction de publication :
    • Caroline Gagné
  • Auteurs :
    • Caroline Gagné
    • Céline Huyghebaert
  • Traduction anglaise des textes originaux français :
    • Oana Avasilichioaei
  • Révision des textes en français :
    • Valérie Litalien
  • Correction d’épreuves :
    • Judy Quinn
    • Jack Stanley
  • Artistes :
    • Chantal Dumas
    • Anna Friz
    • Carole Rieussec
    • Erin Sexton
  • Optimisation numérique des pièces :
    • Thierry Gauthier
  • Conception graphique :
  • Programmation et intégration des contenus :

Édition et distribution :
Avatar, association de création et de diffusion sonores et électroniques
541, rue Saint-Vallier Est, bureau 562, Québec
(Québec) G1K 3P9
418 522-8918
avatarquebec.org

Dépôt légal :
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2019
Bibliothèque et Archives Canada, 2019
ISBN 978-2-920512-26-9
(édition imprimée)
ISBN 978-2-920512-25-2
(microsite)

© Avatar, les artistes,
les auteurs, 2019

Tous droits réservés –
imprimé au Canada

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